Onze associations ont défendu mercredi devant le tribunal administratif de Lille les droits fondamentaux des migrants de Calais, demandant la construction d'un centre d'accueil local et l'arrêt des "entraves" à la distribution de nourriture.
"Le Défenseur des droits a relevé des atteintes aux droits fondamentaux d'une exceptionnelle et inédite gravité, nous demandons leur respect face à une situation qui est niée, celle du passage des migrants à Calais", a plaidé Me Julie Bonnier, l'un des deux avocats des associations et des migrants requérants, se référant à un rapport sévère du Défenseur des droits le 15 juin.
Par ce recours en référé, les associations, dont le Secours catholique, l'Auberge des migrants et la Cimade, demandent notamment la création rapide d'un lieu dédié à l'hébergement d'urgence, à la distribution de nourriture et la prise de douches. "Ces mesures permettront un apaisement, que les riverains eux-mêmes ne soient pas excédés et soient rassurés que les besoins de ces 600 personnes soient satisfaits et qu'il n'y ait donc pas de comportements regrettables", a souligné Me Bonnier.
Des CAO et CADA saturés
La représentante de la préfecture du Pas-de-Calais a répliqué : "Y a-t-il un droit à l'hébergement d'urgence et au droit d'asile là où les migrants le veulent, ou là où l'État l'a organisé? Les migrants entendent bénéficier de ces droits à Calais, et dans les conditions qu'ils demandent..."
Elle a mis en avant les centres d'accueil et d'orientation (CAO) et les centres de demandeurs d'asile (CADA) répartis sur tout le territoire - mais saturés selon les associations. L'État entend avant tout, sept mois après le démantèlement de la "Jungle" de Calais, éviter que Calais redevienne "un point de fixation": "Il faut tenir jusqu'à ce que l'incitation, l'habitude pour les migrants de venir à Calais soient désamorcées", a insisté la représentante de la préfecture. A l'issue de l'audience, qui a duré quatre heures, la présidente a mis sa décision en délibéré à lundi "au plus tôt".